L’homme recherche t-il vraiment le bonheur ?

Me revoici comme promis pour vous faire part d’une réflexion tirée du livre -très marrant- “Sexe, drogue… et économie“. Je vais tâcher de ne pas pondre un pavé indigeste mais d’effleurer juste assez le sujet pour vous donner envie de réfléchir.

Voici le passage en question:

Depuis cinquante ans, l’affaissement du sentiment religieux, l’individualisme, la montée de l’Etat providence, l’élévation de l’espérance de vie et l’amélioration de la santé, l’émancipation des femmes par la libéralisation des divorces et leur accès au marché du travail, la violence à la télévision, la libération sexuelle n’ont pas rendu les gens plus heureux d’un iota, au contraire.

Bien sûr on peut douter de cette conclusion certainement tirée de sondages. Mais on peut également tenter de  réfléchir: ne pensez-vous pas qu’effectivement le fait d’avoir peu de choix dans la vie, la simplifie et rend l’homme plus heureux ? Plus on a de choix à notre disposition, plus on doit en faire et plus on risque de penser qu’on n’a pas fait les bons. Par exemple, pourquoi se sent-on bien dans un jeu de type MMO ? Entre autre parce que les règles et les objectifs sont simples et le nombre de chemins pour y aboutir est limité… De même comme le dit l’adage, plus on acquiert de connaissance, plus on prend conscience de ce qui nous est inconnu.

Si on est d’accord avec ce point (que l’augmentation de la qualité de vie et de la liberté peut rendre quelqu’un moins heureux qu’un autre qui n’a ni choix ni connaissances)… on en arrive à se demander si l’homme cherche vraiment à être heureux ? Car je pense que nous sommes tous d’accord que la liberté de culte, de travail, sexuelle, de manière de vivre et les connaissances sont de bonnes choses !

Conclusion: quand nous nous sentons malheureux cela voudrait dire que tout va bien, que le bonheur n’est pas vraiment le but de l’homme ?

6 Responses to “L’homme recherche t-il vraiment le bonheur ?”

  1. Rinrin Says:

    C’est toute la pensée Rousseauiste que tu nous déroules avec sagacité, cher ami ! “l’homme est libre et heureux à l’état de nature, c’est la civilisation qui l’a corrompu”….à l’opposé, la théorie Voltairienne, qui préfère être malheureux mais conserver la conscience et la connaissance !

    Après, les exemples cités par le livre relèvent plus à mon sens d’évolution des conditions de vie. Et la question est la suivante : l’évolution de nos conditions de vie a-t-elle nécessairement pour but de nous rendre plus heureux ? par ailleurs, l’évolution sociétale est-elle vraiment réfléchie, ou bien juste la conséquence de multiples évolutions individuelles?

    Tout ça pour dire que je te rejoins dans le fait de penser que plus l’homme possède de conscience et de connaissance, plus il va avoir conscience de tout ce qui lui manque. Pour autant, et revenant sur ton exemple vidéoludique, je n’échangerais pas pour ma part dix barils de MMO contre un baril de heavy rain :) (j’ai toujours été assez Voltairien dans ma façon de penser, même s’il m’ arrive d’en payer le prix :) : en gros “je suis malheureux et j’t'emmerde, je veux continuer à avoir la conscience nécessaire pour parler japonais et apprécier un bon Pratchett !!” )

    Faites votre choix, camarade : stupides et heureux ou intelligents (enfin, conscients du moins) et malheureux !! j’ai choisi ! (même si j’ai conscience du côté extrêmement prétentieux par certains aspects de ce choix :D )

  2. dtbforshare_nospam_ Says:

    Entièrement d’accord avec toi sur le choix effectué.. mais je pense que 90% des gens doivent penser comme ça aussi d’où la conclusion que l’homme ne cherche pas vraiment le bonheur.

    Tiens, j’avais formulé une phrase que je trouvais sympa sur le sujet (je me l’étais envoyée par mail pour ne pas l’oublier :D ):

    Si le bonheur nous semble important, ce que nous souhaitons ne se limite pas au bonheur.

  3. Anonymous Says:

    J’avais vu il y a quelques temps déjà un bout de reportage sur Arte où des scientifiques avaient fait cette expérience : mesurer l’activité cérébrale de personnes à qui l’on projetait diverses images devant eux. Les images étaient de toutes sortes : des paysages, des scènes de la vie quotidiennes, des animaux etc. mais aussi des représentations tragiques voire morbides.

    La conclusion en était la suivante et était nette : sur leur panel, le cerveau des gens des gens réagissaient 10 fois plus aux images “négatives”. Le tragique était un stimulus plus marquant que le “positif” ou l’apaisant.

    Bon, je vais me coucher moi^^…

  4. naxat Says:

    Heu, “Anonymous” c’était naxat^^”. Fatigué…

  5. Rinrin Says:

    -> dTb : tu crois que 90% des gens ont la même pensée que nous ? parce qu’au lycée ou à la fac, quand il m’est arrivé d’aborder cette discussion, j’ai rencontré pas mal de personnes qui se sentaient plus “Rousseauistes”…. après, la différence entre la pensée et les actes…parce que bon, il faut y retourner, à l’état de nature, ça implique de se séparer de tous ses biens matériels pour être complètement “détaché”…ça a un certain côté bouddhiste d’ailleurs…perso, ça me stresserait de vivre sans possessions matérielles (les livres par exemple), ce qui est un curieux retournement de situation dans la mesure où finalement, on a la crainte de perdre ce qui par nature nous angoisse ^^
    -> naxat : je suppose que les images négatives nous “choquent” plus que les images positives, d’où la réaction plus importante du cerveau. Dans le même ordre d’idée, le premier sentiment qu’a su instiller efficacement le jeu vidéo est la peur (resident evil), puis l’angoisse malsaine (silent hill)… je n’ai personnellement pas le souvenir d’un jeu qui m’ait procuré un sentiment de joie profonde (je veux dire, au-delà du plaisir de jouer)… après, le jeu vidéo peut inspirer le rire (monkey island et plein d’autres), mais le rire est-il un sentiment ? j’ai enfin l’impression qu’on vient de franchir un nouveau cap dans l’instillation du sentiment par un jeu vidéo avec heavy rain : c’est la première fois que je ressens véritablement de la compassion, de l’empathie pour un personnage de jeu vidéo (oui, deux posts et deux fois je réussis à placer heavy rain, je suis à fond dans ce jeu, je l’ai fini une fois la semaine dernière et j’ai déjà rattaqué une partie :D )

    Allez, fin du post, mais j’ai bien l’impression que ce dernier article attire le commentaire développé :)

  6. dtbforshare_nospam_ Says:

    @Rinrin: effectivement en y repensant… si on pense aux ultra-catholiques américains, on peut effectivement dire qu’ils sont “Rousseauistes”: moins de liberté et de connaissances et plus de choses à croire aveuglément pour plus de bonheur… je pense quand même, même si ce n’est pas 90%, que la majorité des êtres humains (60% ? :D ) sont Voltairiens sinon la civilisation ne serait pas où elle en est aujourd’hui… à moins qu’une petite minorité de Voltairiens permette de changer le monde, mais j’en doute quand même. Quand tu as fait tes sondages je ne sais pas comment tu as présenté les choses. Pour moi perdre les connaissances et de la liberté pour plus de bonheur reviendrait à demander “Souhaiteriez-vous être transformé instantanément en imbécile heureux ?”.

    @Naxat: Clairement ! La peur et le tragique sont (je pense) directement connecté à nos instincts de survie: une paisible scène campagnarde ne nous demande aucune réaction vitale, alors que de se retrouver en face de scènes effrayantes ou angoissantes stimule directement nos réflexes de survie: réflexion, muscles… “que dois-je faire ? puis-je m’enfuir ? par où ? faut-il aider cette personne ? etc..”.
    Et il est clair que les sensations de malheur ou de manques nous poussent (généralement) à ne pas rester immobiles, à aller chercher plus loin, chercher de nouvelles choses, trouver de nouvelles pistes… et permettre comme ça à la civilisation d’évoluer… même si ces évolutions nous rendent encore moins heureux :D

    Pour revenir à ce que disais Rinrin, il est vrai que faire passer la notion de “joie” est difficile dans un jeu. Le plaisir peut être très intense: réussir de mieux en mieux des passages où on échouait autrefois (Mario), découvrir un gameplay absolument jouissif et novateur lié à une ambiance particulièrement tripante (Portal), le plaisir très égocentrique d’être plus fort que la machine où qu’un adversaire (jeux de baston)… mais la “joie”… peut être quand même si dans des scénarios très scénarisés tels que les Final Fantasy (je me rappelle de certains passages de retrouvailles dans Mystic Quest sur Game Boy).

    Néanmoins, plaisir et joie ne sont-ils quand même pas liés ? Que ce qui t’apporte du plaisir ne te rend pas joyeux / heureux ?

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